Une page se tourne. Un monument s’en va. Notre José TAVARES national (enfin presque) tirera sa révérence après cette édition de la JIMI, sa 17ème.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, José est le fondateur de La JIMI.
En 2007, le directeur du Festival de Marne de l’époque, Jean-Claude BARENS, souhaite intégrer un nouvel événement au festival afin d’offrir autre chose que des concerts. José propose alors de faire un salon pour les acteurs indépendants de la musique ; un endroit où ces derniers pourraient se retrouver pour promouvoir leurs modestes productions, discuter et s’entraider entre compagnons généralement peu fortunés mais bigrement passionnés.
Née en pleine crise du disque, La JIMI a depuis accompagné à son échelle une flopée d’indés à travers les remous du secteur des musiques actuelles : du téléchargement illégal à l’apparition des plateformes de streaming en passant par la résurrection du vinyle, du tout studio en groupe à la digitalisation totale des créations musicales en solo dans sa chambre, de la perte de vitesse du rock et de l’explosion du hip hop et l’électro, de la fermeture des bars à concerts et squats historiques pour tapage nocturne ou non-respect des normes de sécu à la prolifération des « tiers lieux », de l’affichage sauvage, tractage et fanzinat aux booms des réseaux sociaux, et hélas, au milieu des dégâts causés par le covid-19.
La JIMI n’est cependant pas le seul fait d’armes de la carrière de José. Notons sa participation à la notoriété de la salle La Pêche à Montreuil, le management de divers groupes dont Jim Murple Memorial, ou encore sa fameuse lettre aux professionnels de la filière « live » pour faire cesser les demandes délirantes d’accueil artistes.
Toutefois, il est avant tout connu par beaucoup pour être un programmateur émérite.
Voici quelques révélations dans les coulisses de son travail :
- il lit et écoute tous, enfin presque tous, les mails et titres d’artistes qu’il reçoit, et il en reçoit BEAUCOUP ! Sachez donc que vos mailings ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd (du moins à moitié, après tant d’années d’exposition aux décibels) ;
- il est le seul à encore utiliser le site Concert and Co pour faire son calendrier de concerts à voir ou à flyer, « je te le jure, c’est le meilleur site ! » ;
- il écume les concerts parisiens, regarde le remplissage des salles, et divise par trois cette fréquentation pour savoir si tel ou tel groupe peut remplir telle ou telle salle de banlieue. Le fameux théorème de Tavares ;
- Une fois la programmation bouclée, il attend et suit nerveusement les pointages de billetterie, tel un bulletin scolaire. Un concert dont les ventes stagnent lui donnera des sueurs froides et des insomnies pendant des semaines. Il attache alors un bandana rouge style Rambo autour de son front, remonte ses manches et met les mains dans le cambouis. Collage d’affiche, tractage, 14 newsletters spams, posts dans des groupes Facebook obscurs, partenariat avec des radios exotiques, tout y passe ;
- il refuse de communiquer l’ordre et les horaires de passage des groupes sur une soirée de concerts parce qu’il considère que le public doit être curieux et venir dès le début pour écouter et découvrir l’ensemble de la programmation.
Bref, La JIMI a largement bénéficié de l’expérience et de la légitimité de notre cher José. En partant à la retraite, il nous lègue donc un sacré héritage.
Ainsi, nous comptons plus que jamais sur nos fidèles indés et partenaires pour nous aider à faire perdurer l’esprit et les valeurs qu’il a insufflé à la JIMI :
- débrouillardise ;
- accessible à tous ;
- pas de hiérarchie, tout le monde peut aborder tout le monde ;
- sourires et pas de prises de tête ;
- mais surtout : musique, musique, musique.
En guise d’au revoir, José, voici pour toi un Monsieur/Madame :
Monsieur et Madame Vederchi ont un fils, comment s’appelle-t-il ?
Harry.
Arrivederci !
L’équipe de la JIMI (moins José)
